16h40, 5 films et 2h de sommeil plus tard, on atteint notre première escale ; Doha. Et puis, c'est reparti pour six nouvelles heures en direction du vieux continent.
Atterrissage à Charles de Gaulle et on retrouve très vite le désordre propre à nos voisins français; la file d'attente pour le passage de douane s'étend de toute part, personne n’y comprend rien entre les queues pour les passeports biométriques, français ou étrangers. La sortie de l'aéroport est tout autant chaotique; il n’y a plus aucun taxi et notre Uber peine à avancer dans les embouteillages à la périphérie de l'aéroport. Bref, bienvenue à Paris !
Notre logeuse, une Airbnb, nous permet d'accéder à la chambre dès notre arrivée. On doit être discrets et on ne doit pas être vus ensemble. Nous comprenons que ses colocataires provisoires ne sont pas déclarés. A peine débarqués dans notre chambre, nous nous écroulons sur le lit. Le décalage et les heures sans sommeil du vol ont eu raison de nous. Il est 9h, on se réveillera à 16h, parés à revoir Julien. Ce dernier prépare une exposition dans la capitale française depuis une semaine et c'est le timing parfait pour notre débarquement mais surtout l'occasion de boire des coups en bonne compagnie.
Nous retrouvons notre comparse de l’île de Java à quelques pas de notre logement et c’est avec une énorme émotion que nous nous retrouvons, ici, en Europe Sans plus attendre, Emma commande du bon vin français et David une Suze ! Presque une année sans apéro à la Suze, vous imaginez ?!?
Le lendemain, c'est le 1er mai. Et le 1er mai en France, c’est comme un dimanche à Delémont ; rien n’est ouvert… Néanmoins, nous trouvons une boulangerie. Nous aurions de tout façon parcouru tout Paris pour retrouver le délicieux petit-déjeuner français avec ses croissants au beurre, sa baguette croustillante et un bon café (non soluble !). Et comme le shopping n’est pas possible aujourd’hui, rien de mieux que d’aller flâner aux Buttes-Chaumont et profiter du soleil printanier. Et oui, il y a 48h, nous commencions l’automne et maintenant nous revoici au printemps !
Nous avions décidé de rejoindre Julien après le défilé du 1er mai sur une terrasse dans le quartier latin, en théorie, loin des manifestations. Mais dès la sortie du métro, nous avons l’impression d’être arrivés dans un état en guerre avec des policiers armés jusqu’aux dents dans tous les coins de rue et quantité de fourgonnettes de CRS tous feux et toutes sirènes enclenchés. Pour atteindre la fameuse terrasse de notre rendez-vous, nous devons suivre des déviations dans des petites ruelles, croiser des groupes de dizaines de « robocop » et nous faire contrôler les sacs pour « entrer » sur la petite place publique.
Nous nous prélassons sur une terrasse au soleil en buvant un apéro bien mérité. Quand le serveur nous apporte nos verres, il nous dit en rigolant ; « Je vais vous encaisser l’addition de suite, on sait jamais avec tous ces CRS. » Il faut dire qu’il a eu fin nez le garçon. Quelques minutes plus tard, un groupe de casqués s’éloigne de la place et un manifestant, guère malin disons-le, s’écrit « Rentrez chez vous ***** » en leur balançant sa canette d’alu. Il n’en faut pas plus pour envenimer la situation ; les CRS font demi-tour pour faire face aux manifestants et décident de bloquer la sortie de la place. Après une première somation, un premier spray au poivre est diffusé par la police. A ce moment, nous sommes moins sereins et nos yeux commencent à piquer. Après la seconde somation, ça dégénère ; les CRS balancent les lacrymogènes et commencent à charger sur les manifestants. Tout se passe très vite, d’abord un mouvement de foule qui renverse les tables et les chaises des terrasses et ensuite une attaque de gaz dans nos voies respiratoires. Nos verres volent et nous nous réfugions dans le restaurant avec les yeux en feux et de la peine à respirer.
Certains manifestants venus s’abriter à l’intérieur ont du sérum physiologique et des sprays à base de citron pour adoucir l’effet du poivre. A l’extérieur, c’est une scène digne d’un film qui se déroule sous nos yeux rougis ; les CRS matraquent des pauvres gens qui n’ont pas réussis à se protéger et ils continuent même si ces derniers sont au sol. Nous avons peur de nous faire embarquer et de finir notre aventure au poste.
Dès que le chaos a cessé, après quelques arrestations et heureusement pas la nôtre, nous décidons de quitter le quartier pour nous remettre de nos émotions. Toutes les sorties de la place sont gardées par des groupes de CRS, il n’est plus possible d’y venir. Une jeune dame s’insurge contre les forces de l’ordre en leur criant : « Vous n’avez aucun droit de nous empêcher d’aller ici, nous sommes un pays libre ». Après cette épisode, nous avons plus l’impression d’être dans un état policier que libre. Nous nous sommes fait la réflexion que si un touriste chinois arrive le 1er mai à Paris sans connaître le contexte, il doit vraiment se poser des questions…
Nous avons traversé la moitié de la planète sans la moindre embûche et il faut que ça soit à Paris que nous rencontrons le plus de problèmes.
Nous terminons tranquillement cette folle journée dans une brasserie à se faire plaisir à manger un bon bout de viande. Ça aussi ça nous avait manqué !
Au réveil, Emma motivée décide d’aller faire un footing le long des quais jusqu’au parc de La Villette. Après un long moment, David reçoit un coup de fil d’Emma lui demandant de descendre lui ouvrir la porte. Par mégarde, elle a perdu la clé de l’appartement durant sa course. Le problème, c’est que notre logeuse, n’avait que ce double en plus de la clé originale qu’elle utilise et nous ne pouvons pas ouvrir la porte de l’immeuble sans… Bref c’est la nouvelle galère. Décidemment, Paris ne nous réussit pas. Nous décidons alors de refaire le tracé effectué par Emma dans un sens puis dans l’autre. Impossible de retrouver la clé.
De retour bredouilles à l’appartement, nous cherchons un serrurier pour faire un double mais notre logeuse ne veut pas ; elle veut voir elle-même avec le propriétaire de l’immeuble.
Bref, nous ne voulons pas gâcher nos derniers jours de voyage à courir après un serrurier et partons faire du shopping. Notre garde-robe « sac à dos » à bien besoin d’être changée ! Et quel plaisir de pouvoir s’acheter de nouveaux habits après avoir porté les trois mêmes T-shirts.
Nos dernières heures parisiennes, nous les passerons à profiter des cafés, faire du shopping, à visiter le Palais de Tokyo et, comme tout touriste, faire un selfie avec la Tour Eiffel (vous pouvez le voir dans notre nouvelle vidéo en ligne !).
Vendredi 4 mai est le dernier jour de notre voyage. 327 jours après notre vol pour St-Pétersbourg, nous voilà déjà en direction de notre Suisse natale. Et pour ce faire, nous avons choisi de prendre le bus de la gare de Paris-Bercy à Belfort. Huit heures de trajet pour nous rappeler nos folles traversées déjà si lointaines.
Personne n’est au courant de notre retour. En fait si, trois confidents ; Julien et Emilien, complices de ce qui va suivre et Joyce, notre chauffeuse de Belfort jusqu’à Delémont.
Depuis quelques mois, David et des contemporains préparent leur fête de 30 ans. C’est une grande organisation prévue sur trois jours. Des séances régulières sont agendées avec l’équipe des organisateurs. Jusqu’à présent, David les suivait à distance avec Skype. Ce vendredi 4 mai, une réunion était prévue mais en l’absence de deux personnes et du manque d’avancement depuis la dernière entrevue, le reste du groupe voulait l’annuler. Après l’insistance de Julien et David, elle est finalement maintenu chez Line. Le prétexte est en place pour voir débarquer dans la plus grande surprise deux backpackeurs à la réunion. Et quelle joie de retrouver toute cette équipe et passer une super soirée en leur compagnie.
Le lendemain, la surprise est pour nos familles qui ne savent toujours pas que nous sommes revenues en Suisse. Pour bien accentuer le secret, nous envoyons le matin sur nos groupes WhatsApp familiaux une photo de la tour Eiffel.
Nous allons chez Emilien, le frère de David, qui est le seul au courant. Il a prétexté l’inauguration de sa nouvelle maison, fraîchement bâtie pour inviter toute la famille. Et à chaque coup de sonnettes, c’est nous-même qui allions ouvrir la porte. L’effet de surprise a été d’une très grande réussite.
Nous sommes tristes et heureux de notre retour.
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